APORIA

Subst. fém. Contradiction insoluble dans un raisonnement.

Ni réductionnisme, ni animisme

Voilà une quinzaine d’années, l’animisme ne comptait pas parmi les invités les plus habituels des cafés du Commerce. Devons-nous au succès planétaire de la série hollywodienne Avatar que cette religion primitive ait quitté les revues d’anthropologie où Philippe Descola lui a donné ses dernières lettres de noblesse ? Pour entrer dans les rayons de développement personnel, comme une recette de bien-être, aux côtés du yoga, du Yi Jing, des chakras, de l’astrologie et de la sorcellerie…

Face à la crise écologique, la moindre des choses serait de prendre en considération et de respecter la valeur intrinsèque de notre environnement et de ne pas réduire les êtres qui le peuplent à des objets exploitables. Mais cette saine réaction implique de reconnaître que les vivants, les rivières, les forêts et tous les écosystèmes ont besoin d’être protégés et soignés. N’est-ce pas une forme d’anthropomorphisme ?

Suivant la vision occidentale dominante, seuls les êtres humains méritent en effet d’être valorisés et protégés par des droits. Seules leur conscience, leur libre arbitre et leur rationalité justifient une attitude morale à leur égard, contrairement aux choses de la nature, qui ne sont que des objets sans âme.

À cette cosmologie anthropocentrée, une partie de la pensée écologique oppose désormais une revalorisation de l’animisme. Mais est-il nécessaire de recourir à une telle mythologie apparemment peu crédible ? Sommes-nous enfermés dans une alternative entre l’animisme et la froide vision réductrice de la nature et de l’humain ? Pour répondre à ces questions, nous nous proposons de nous appuyer, entre autres titres récents, sur deux textes classiques de Thomas Nagel autour de « questions sur la subjectivité dans la nature », réunis dans un petit livre que nous venons de traduire et de rééditer.

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